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Après les désinhibitions nocturnes, les cris avinés laissent la place à l'assourdissant choeur des oiseaux solaires. Muets, vous regardez se dérouler l'éventail tragique des renoncements du petit matin. Vous croyez un peu à ce que vous appelez la "poésie" de ce moment; vous croyez à ses vertus. Assis, vous videz vos yeux dans les ors pâles des reflets levants; les mouettes et leurs cris roses arrachés tourbillent dans vos tympans. Un tunnel en perspective se fond en vous; vous y noyez vos désamours et déceptions. Tout revoir une dernière fois, d'un oeil blasé fatigué, pour en décoller doucement la peau trouble, et blesser une nouvelle membrane, encore fine, fragile et très transparente.
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Faire de ses doigts une source d'ors chatoyants;
Faire enfanter à la mine du sec crayon qui griffe et brûle le papier
Des mots sans douleurs, à l'amertume douce et naturelle, des mots de caressant acier
Alliés de celui qui cherche, remèdes à celui qui tente de fertiliser son soi blanc.
Créer, exhumer de la pensée sans intérêt une chimère inconnue, belle et effrayante
Donner un lit à cette rivière chaotique de paroles
Qui coule de la bouche, égout aux forces et aux lignes distendues molles;
De soi-rien extraire une essence existante.
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Si l'ivresse fatiguée des équipées uniques
Nous montre la vérité nocturne sous un nouveau faux-jour
Nous transcende-t-elle dans la diurne conscience
Avec se douce frénésie, digne des guerres celtiques
Nous transporte-t-elle dans son château de fer,
Une douloureuse garde au ciel ouvert?
Si l'odeur de l'eau moisie à la frontière implacable
Des narines tendues fendues d'avidité affleure
Doit-on céder à la panique?
Après la lucide course matinale
Les veines battent fort, dans leur prison fémorale
Et la respiration s'embue d'un sombre vin vert.
Si je pense à cette vodka, servie un petit matin
Dans la vague poussière lumineuse, vaine et fade
D'un vieux troquet aux vitres sales
Ecraserai-je sous le talon de mon moi souvenu
Ce fin éclat de verre blanc qui me lance des oeillades brillantes à la porte?
Les buissons bataillent et s'embrassent, observent ces retardataires qui s'enivrent avant le jour, crispés de dérisoires, tandis que la ville dort encore sous ses cendres.
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L'ours est muet; ses grelots sont collés de sommeil.
L'enfant est relégué au fond de la cave. Blotti contre le soupirail, il a enceint le rempart de ses genoux blancs écorchés.
Il n'arrive plus même à s'ennuyer de ses monstrueux jeux. L'un retient son haleine avec engouement émerveillé.
L'enfant éprouve la flamme d'un briquet.
Faire craquer la pierre, muer sa main en une coupe
Pour abriter le feu de la brise éteinte;
Laisser s'envoler la flamme silencieuse qui respire un peu d'air, quelques jeunes secondes.
Faire tourner la pierre rugueuse, de la corne du pouce, pour faire cracher au petit dragon de plastique
Quelques étincelles vertes;
Ou encore écouter, lorsqu'on est las, le gaz s'échapper sans un souffle.
Jeu éternel.
L'enfant, assis contre le mur, l'enfant s'ennuie consciencieusement. Il n'a pas très peur car il sait qu'il fait jour au-dehors.
Il est libre, il est seul, l'enfant prodigue. Il sent sur lui un peu de lumière blanche, échappée du soupirail
Lumière blanche qui a distillé diffracté cambriolé
Les brillantes froideurs de l'été extérieur.
Il sait et contemple ce monde qui ne l'attend plus.
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Les acacias tremblent et s'étranglent, sous la paresse
De leur propre ombre épineuse. Sur le chemin,
Ils balancent leur image projetée, lente caresse
Aux cailloux haïs soudés, qui naissent mains dans les mains.
Un vieux papillon à l'aile tachée de brun
Volette contre lui-même, dans une ultime ivresse;
Ses longs battements cycliques claquent et agressent
Ponctuent le silence plein, jusqu'au lendemain.
Ce chemin en clair-obscur, aux fleurs arrachées
Cette voie que l'herbe a peu à peu empanachée
Cette route semée de minuscules pierres
Faux paisible, semblant de banal petit passage
A la nature qui bataille, comme un lent dressage
Ce chemin aux prismes, c'est du réel la frontière.
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