• Courses émotives aux géométriques accords;
    Arpèges déployés, résonances substantielles
    La pauvre musique des mots circonstantiels
    Plante sur les tragédies un banal décor.

    Ces phrases si usées, parfaites, existentielles
    Subsistent en l'oreille comme le son d'un lointain cor
    Alors que l'esprit a cédé le pas au corps
    Les harmonies messianiques deviennent essentielles.

    Oui, l'ennui matinal a rendu l'humain vide;
    Sa cervelle qui mange les notes, avide
    Férocement s'approprie la musique, la chose

    Seule capable de lui montrer ce qu'il appelle;
    Lorsqu'il est debout nu seul en son corps grêle
    Ce qu'il appelle absolu, lumière de sa prose.


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  • Celui qui dénoue et dépingle ses cheveux
    C'est le jeune enfant au corps joueur et lisse;
    La lourde masse jusqu'au sommet de ses reins glisse
    Cérémonie vespérale, heure des aveux.

    Celle dont, au moindre silence, le front se plisse
    C'est la jeune idéaliste, qui croit en ses voeux;
    Son corps fatigué ne jure que par ce qu'il veut
    Immobile, la bouche déformée, elle rêve un lys.

    Celui qui, de ses forts bras déjà pauvres et las
    Porte son vin, et promène son regard plat
    C'est le presque-vieux, au devenir incertain.

    Celle dont les yeux ont blanchi, mangés de veilles
    C'est la tragique demoiselle, la vieille.
    Voilà quelques fantômes d'une glace sans tain.


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  • Le soir joue de sa nuque comme d'un marbre tiède et sans couleur,
    De lisses rubis perlent de ses oreilles;
    Elle s'amuse des légères plaintes qu'elle lance dans l'air
    Comme de cerfs-volants colorés dérisoires et paisibles,
    Et son port de tête vous tourne le dos.


    Les cheveux rasés, l'intérieur amputé.


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  • Feuilles frémissantes de jade sanglant ciselé
    Feuilles qui palpitent, délimitent un battant tunnel d'ors de verdure
    Lauriers venteux qui claquent dans la chaleur
    Essences âpres et épithètes colorées qui jaillissent
    Les chants des haleurs aux barques de lierre empoisonné
    Tourbillent dans un lent brouhaha, clignotant de cris oiseleurs

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  • C'est l'amie aux calmes mains, au toucher d'opale,
    Celle qui en quelques mots riches soudain détend;
    Elle est l'Etrange, elle montre ce que l'on attend:
    Un léger chemin vers le réel, son doigt pâle.

    Elle réfute l'argument, dévoile le latent
    D'un geste écarte le sur-moi épiscopal
    Et le soi froid peu à peu ouvre ses sépales.
    Elle est beaucoup sans peu faire, et peut encore tant...

    C'est l'amie aveugle de conscience que l'on rêve
    Au détour des déceptions; cherchons-la sans trêve
    Mais surtout jamais ne la trouvons; car Idéale

    C'est l'amie libre de nous tous libre d'elle-même
    Celle qui enfin vit au milieu du trouble, et n'aime
    Jamais; elle est forte, la plus belle des féales.


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