• 3h12
    De nouveau, les nuits nerveuses dans l'obscurité crue, passées à chercher le froid contre et sur soi. La fenêtre qui claque, éreintée, à chaque soubresaut sursaut de chaleur.
    Observer intérieurement la course du sang et se recueillir, avant d'apposer à ses contorsions la station agressive-passive des objets extérieurs, intimes à eux-mêmes.
    Contracter, exténuée exsangue, les muscles un à un; goûter ce contraire d'anciennes sensations trop familières.

    A travers la fenêtre, les grillons embués vibrent de leur ré mi bémol, et se défont de l'engourdissement pluvieux. Le corps qui repousse et redoute ces odeurs complaisantes insidieuses qui l'assaillent. Le parfum fétiche les noie et les désarticule; rassurant mais diabolique, il décharge ses souvenirs.


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  • Se reposer en soi, enfin... Etre un peu seule, sans mêler d'inconnus à soi.
    Attendre de nouveau parmi ceux qui courent, désemparée souriante et cynique.
    Entendre le tableau d'affichage bruisser comme une averse, déversant de nouvelles destinations.
    Courir sur les quais, sans personne à rattraper sauf l'ombre des moineaux sous les structures métalliques.

    Bonsoir, je suis revenue en moi.

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  • Et si l'on se retournait contre le soi d'il y a un instant?
    Au mieux, il ne reste qu'un morceau de fumée à disperser, de minuscules paillettes de parfum à ramasser au sol, un écho infime.
    Impossible d'attraper les paroles au filet, impossible de les abattre en plein vol comme des pigeons. Tout file et tout échappe, le plus vite possible.


    On se retourne et il n'y a absolument rien qui puisse sérieusement montrer notre existence d'il y a quelques secondes.
    Il y a le verre commencé et les miettes sur la table, l'écho des notes qui finit de se détacher, les objets conservent encore un peu de tiédeur peut-être. Rien d'absolument tangible; Impression soleil levant.


    Obligation d'expression donc.


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  • Sur le quai; les mains qui tremblent, on ne parvient à savoir pourquoi.
    Au milieu du ballast doucement mais fermement allumé, un éclat de verre scintille très fort; il emplit l'humeur vitrée, jusqu'à la nausée, ponctuel reflet d'un blanc soleil coupé au couteau.
    Très au-dessus de tout cela, la musique respire sans encombre et sans ambages, lucide dans sa cage.
    Lassitude du midi; attente de la rencontre décisive avec rien.
    Un morceau de vide parmi les sièges: il est violemment accaparé et meublé de solitude soulagée. Seul deux objets abandonnés sur le siège qui fait face attestent la fréquentation humaine.
    Dehors, le pays de plus en plus familier effleure le double vitrage. la campagne salie est de plus en plus volubile d'enfance. Villages rouillés, passages à niveaux, voitures enterrées et détritus. La végétation aussi est de plus en plus parlante; ces feuillus  à la vive couleur du passé, on a envie de les effeuiller, on a envie d'y grimper.
    Et les routes aussi, ces nationales que l'on reconnaît, les pancartes qu'on a déchiffrées dans l'ennui somnolent des trajets habituels, on les lit maintenant. On les lit avec une légère émotion; mais rien à voir avec le soulagement ou la vive exaspération d'avant.
    Entre les vitres, les rails se tordent et se déforment doucement, toujours plus avant que le regard. Ils ploient et déploient, toujours parallèles, une danse de chaleur climatisée.
    Trajet trop court: vite le train surplombe la Loire telle qu'on la connaît réellement. Même les zones industrielles semblent plus vraies et plus touchantes. L'agencement des constructions, des arbres, le défilé des couleurs, sans réveiller quoi que ce soit, apaise un peu, tout en irritant ce qu'il y a sous le souvenir.

    Le passé a changé.

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  • Il y a au bord de l'été comme une frange
    Une longue lisière écumeuse frontière
    Aux marées vomissantes qui secouent les pierres,
    Au pli du poli d'un bras, limite qui dérange.

    A l'extérieur du soi, comme toujours, la guerre
    Entre les monades et les groupes qui prêts se rangent.
    Les groupes éclatent, les monades entre elles s'arrangent;
    Voyons cela de l'oeil qui blesse la lumière.

    Les parfums de prison s'emmêlent et s'épaissisent,
    Se détachent des vieux chiens qui glapissent;
    Ils emplissent la pièce céleste d'un beau noir.

    Pauvre décor permanent qui ennuie les grands yeux
    Et parvient à les occulter pour trouver mieux
    Avant un suicide dansant, sale désespoir.


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