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Juste ces yeux un peu mouillés que l'on peut avoir
Au creux d'une rue
d'une oeuvre
d'un feu
Le corps qui bat sans prévenir
Une valse lente
Une valse de désir calme
Alors on glisse les pieds nus dans des chaussures
On valse sur place, les pieds qui chantent
Et tout s'échappe
comme l'averse qui s'arrête
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Mon ami les pensées galopent, elles sautillent sur le bitume sous les platanes volettent parmi le pollen, elles ne me lâchent pas et filent entre les doigts entre les rayons qui filtrent à travers la végétation et l’obscurité de l’avenue bordée de hauts platanes
Le trottoir est large et elles ondulent dessinent de souples diagonales puis reviennent puis s’échappent devant loin devant fatiguée je regarde les buissons de l’autre côté de l’avenue leurs feuilles sont courtes et sombres et leurs fleurs perdues dans la masse vert foncé et presque indiscernables exhalent du miel au milieu des poussières des pourritures et des pollutions
Et la valse s’échappe toujours, elle s’échappe au-devant de moi et je vois des marionnettes gracieuses qui dansent la ronde nostalgique le ballet des ans passés les pieds s’entrecroisent de plus en plus vite
La paresse m’attrape viens par là
Je m’arrête ;
Il fait silence
Toujours les rayons qui filtrent entre les platanes
Il fait jour
Les voitures ont cessé d'aller et de venir
Mon ami la valse du temps est dure rigide et grinçante comme des pieds de vieille danseuse
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Une rangée de lavabos, sans miroirs. Ici, quand on regarde son visage, on redresse la tête vers le pan de mur blanc sale qui jouxte le lavabo, et on écoute la musique qui s'échappe par petits morceaux étouffés de phrases, à travers les fentes et les fissures des murs, qui passe doucement sous les doubles portes. On écoute tous ces soupirs, on écoute les visages des autres qui travaillent, les doigts qui filent, les sons qui transpirent, les phrases qui se délient.
On regarde par la fenêtre alors. On s'en approche, on se penche un peu. Des enfants qui jouent à chat dans la cour. Encore des éclats de musique. La ville étendue au soleil comme une nappe parsemée de cheminées, voilée par un doux smog bleuté. La ville dans toute sa blancheur, trouée de surprenantes places floues et lignes nettes, qui dessinent la complexité de son grand corps. La ville qui paraît muette et plane, immuable, comme si tous les grouillements et les embrouillaminis qui l'animent et l'amusent n'étaient qu'artifices et artefacts.
Je fais le tour de sa souple taille avec mon bras, et je ne vois plus rien.
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Poudres, papier de riz, perles épars sur une table frêle;
Une balance d'un modèle courant, aux plateaux légèrement creux
D'un laiton martelé presque gracieux, sur une ossature d'un noir brutal
Pigments charbon, encens bon marché; il est cinq heures de l'après-midi et les odeurs s'installent dans la poussière âpre de la venue du soir.Banalité et grâce s'emmêlent; c'est l'instant de l'orchidée.
Il avance la main cheveux châtain insipide
Mais soyeusement ordonnés en ondulations et crans et volutes et circonvolutions;
Il pense au temps qu'il sent s'écouler dans son corps.
- Tout sans hâte et sans regret -Il y a le moment du songe il y a le moment de l'horreur.
Il avance la main pour redresser un plateau de la balance
Le geste pour le geste
Visage de fille, lèvres violettes, peau blanche, bracelets d'argent qui tintent.
La main malade comme une esquisse, il tient une légère tasse de porcelaine nacre, bordée d'une fine bande dorée; le thé tremble légèrement mais le parfum est là.Il attend le noeud du jour.
Poudres, papier de riz, perles épars sur une table frêle;Ses yeux sont ouverts encore.
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