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enfance 3
L'ours est muet; ses grelots sont collés de sommeil.
L'enfant est relégué au fond de la cave. Blotti contre le soupirail, il a enceint le rempart de ses genoux blancs écorchés.
Il n'arrive plus même à s'ennuyer de ses monstrueux jeux. L'un retient son haleine avec engouement émerveillé.
L'enfant éprouve la flamme d'un briquet.
Faire craquer la pierre, muer sa main en une coupe
Pour abriter le feu de la brise éteinte;
Laisser s'envoler la flamme silencieuse qui respire un peu d'air, quelques jeunes secondes.
Faire tourner la pierre rugueuse, de la corne du pouce, pour faire cracher au petit dragon de plastique
Quelques étincelles vertes;
Ou encore écouter, lorsqu'on est las, le gaz s'échapper sans un souffle.
Jeu éternel.
L'enfant, assis contre le mur, l'enfant s'ennuie consciencieusement. Il n'a pas très peur car il sait qu'il fait jour au-dehors.
Il est libre, il est seul, l'enfant prodigue. Il sent sur lui un peu de lumière blanche, échappée du soupirail
Lumière blanche qui a distillé diffracté cambriolé
Les brillantes froideurs de l'été extérieur.
Il sait et contemple ce monde qui ne l'attend plus.
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Commentaires
Monde étrange en forme de nostalgie, de spleen... bises