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    Mon ami les pensées galopent, elles sautillent sur le bitume sous les platanes volettent parmi le pollen, elles ne me lâchent pas et filent entre les doigts entre les rayons qui filtrent à travers la végétation et l’obscurité de l’avenue bordée de hauts platanes

    Le trottoir est large et elles ondulent dessinent de souples diagonales puis reviennent puis s’échappent devant loin devant fatiguée je regarde les buissons de l’autre côté de l’avenue leurs feuilles sont courtes et sombres et leurs fleurs perdues dans la masse vert foncé et presque indiscernables exhalent du miel au milieu des poussières des pourritures et des pollutions

    Et la valse s’échappe toujours, elle s’échappe au-devant de moi et je vois des marionnettes gracieuses qui dansent la ronde nostalgique le ballet des ans passés les pieds s’entrecroisent de plus en plus vite

    La paresse m’attrape viens par là

    Je m’arrête ; 

    Il fait silence

     

    Toujours les rayons qui filtrent entre les platanes

    Il fait jour

    Les voitures ont cessé d'aller et de venir

     

    Mon ami la valse du temps est dure rigide et grinçante comme des pieds de vieille danseuse

     


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    Une fois.


    Allongés sous le pont, effrayés
    On regardait.
    Les flaques d'eau noire qui se fondaient un peu
    Dans la lumière des réverbères.

    Mollement acceptés par le sable bleu épais,
    On y creusait quelques semblants d'empreintes
    Qui avec hâte prenaient
    L'aspect de remous parmi d'autres remous
    Doux remous de sable
    Griffant les joues
    Remous remous
    Dans nos jambes ivres


    On attendait de prendre conscience
    Qu'on était seuls
    Et on avait peur


    L'air sentait le cigare à la framboise


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  • Les oiseaux qui grisent et éclatent, dans le flou du ciel. Comme si l'on avait fait craquer une vitre vers le réel, ils s'enfuient; comme si l'on avait frotté une allumette sous un réverbère. L' indifférence de ces matins où on laisse la vie tourner, las, sincère, soulagé; face aux nausées de larmes inutiles avalées, qui caressent la gorge d'une irritation qui entrave l'air. Chassés les ni-jours ni-nuits indécis entre les feuilles; chassés les pauvres microcosmes moqueurs. La conscience des vanités inégales aiguisée par l'indifférence polie, usée, le calme qui s'excède.

    Le vacarme du petit matin crisse dans les yeux. Les cadres vont travailler; leurs vestes flottent, pendant qu'ils parlent. Ils ont des visages lisses, un peu tendus lorsqu'ils parlent; leurs mains ne sont pas belles. Ils ont trente ans, ils sont seuls.

    L'angoisse de la reprise des habitudes. Nécessaire, effrayante; mais le calme exhalté reviendra, le sommeil le suivra. Se remettre à attendre la course des évènements, comme s'il n'y avait pas eu d'interruption; rejouer son rôle et endosser le costume d'Arlequin, qui attendait, patient, avec son grand sourire sarcastique. Le costume déformé au moule de l'acteur, aux couleurs passées. Se taire comme si on n'avait jamais parlé, et retrouver la peur des trahisons.
     
    Perdu, perdu, dans cette mer vomie dès la solitude.

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  • Et les visages pleuvent dans la ville, sur les clochers, au fond des ruelles; les visages assaillent les immobiles assommés, confetti follement grimaçants et acharnés. Ils aveuglent ces voyageurs qui regardent le futur passé se dévider, de leurs yeux retournés. La pluie colorée trempe leurs cheveux de sueur églantine; les éléphants processent, balançant leur queue. Des cornacs vêtus de vinyle jaune les montent; ils sont harnachés de cuir blanc, épais et râpé. Les orchidées explosent; une neige de pollen mordoré-vert moire l'air froid.
    Il fait beau et sec; et les clochards s'en vont sommeiller contre le pavé tiède, leurs larges mains aux ongles sales abandonnées sur eux. Le vin rouge palpite dans sa bouteille ensoleillée; des bulles montent au goulot, gazeux insectes, où elles se font expirer en bataillant.

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  • je m'ennuie. je m'ennuie au milieu des gens. je les regarde, je les retourne dans tous les sens. je tente de leur trouver de l'intérêt, désespérément, comme on tire ses paupières blanches de sommeil pour s'empêcher de dormir. les cils s'arrachent et on les retrouve exsangues, sur la pulpe ronde du doigt, palpitant faiblement . geste dérisoire.

    je ne trouve de sens qu'à très peu d'entre eux. dans les gens, certains sont gentils, la majorité même. mais ils n'impriment pas leurs émotions sur leur visage. dignité, peur de l'égoïsme; je ne sais pas. je les vois. parfois je les regarde même, tant ils m'étonnent.         ils sourient. ils sont ouverts.

    ils vivent

    peut-être...

    "je m'emmerde
    j'ai mal aux yeux"
                     Guerilla Poubelle, "Demain Il Pleut" (Il faut repeindre le monde...en noir)

     


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