• équilibre entre soi et soi-même, précarité du *******


    votre commentaire
  • << tu m'as donné ta boue et j'en ai fait de l'or >>
                C. Baudelaire


    10h22 "Des offensives meurtrières..."

        Les humains parlent et gesticulent. Il est question  d'obus, de gaz, d'attaques, de millions. (Millions de quoi?). Lunaires paysages de mes enfers. Mon cerveau est la plaine de Verdun. Les pousses neuronales ont été tranchées par les offensives meurtrières des irruptions extérieures, des lames
    aiguës des connaissances que l'on a essayé de faire entrer dans mon crâne par la voie auditive, en déchirant mes tympans. La tendre myéline verte a bruni au contact de cette brume très grise qui baigne mes pensées, peu à peu imprégnées du monde.


    10h30 "...une victoire amère..."

        Pendant qu'on se bat en moi, je m'interroge sur la traçabilité de l'être, et sur la transparence de l'individu dans l'industrie humaine. Même si je tente l'héroïque insensibilité, la rumeur de l'extérieur me parvient, elle s'amplifie, reflue et roule.
        La course de la plume et le piétinement des soldats, leurs poèmes informes et amputés de fantasmes...Infâmes mêlements des tissus humains usés par l'existence, qui chuintent, crissent et glissent leurs basses douleurs.
        Il y a toujours la chair qui bat, fraîche ou non. Je sens son odeur poissonneuse, et j'entends le lent travail du ravitaillement humain.
    La guerre est belle, la guerre est belle.


    10h38 "...cinq peut-êtres..."

        Possibilités d'une existence, entre tous ces parfaits humains qui avancent, poursuivent, courent sans achever...Espoirs impossibles dans cette vie de changements. Celui qui s'arrête est broyé par l'incroyable machine de la course sociétaire. Alignements, exécutions; suites; l' "organisation" et l' "efficacité" laissent à ces humains l'illusion de donner un sens à leur vie, sens qu'ils croient trouver dans l'action.


    10h43 "...concessions civiles..."


    Liens tressés, dans les froideurs des départs
    Doigts aimants patiens qui filent
    Eplorés qui invoquent le hasard
    Sans voir que tout est facile

    Ecritures rapides, trop rapides
    Je me fonds dans l'ordre du monde
    Mort aux pensées languides!
    Je semble faire de leur leitmotiv le mien; je me sonde...

    Conclusion d'accords, concession du paraître:
    Y parviendrai-je?


    10h49 "...correspondances étatiques..."

        Toujours l'avancement, le progrès...
    Sans contemplation.
        Ces gens-là ne s'interrogent pas.


    10h51 "...descentes complètes..."


        Dans le tourbillon des jeunes rires forcés, on pourrait presque trouver les échos des ivresses inconnues. La triste magie des émotions collectives, qui arrive même à serrer les légères voies lactées qui flottent dans le cerveau des non-humains.
        Ces filaments piquetés de scintillements, ce sont leurs coeurs, un peu contractiles encore...


    10h56 "...intense choc..."
        
        Arme-toi de ta parole, détruis ce qui tient encore debout.
    Glisse les pointes de ton esprit dans les fondations meubles des prisons. Refuse et réfléchis.
        Ces flèches impératives qui fondent dans l'air...
    Il faudra établir un ordre pour renverser l'ordre.


    11h00 "...une sonnerie."

        La mort ne tue pas.




    11h09 "Suites; nivelle monia..."

        La mer du bruit, acide, ronfle sous les arcades blanches de la réalité, comme l'âme des autres sous les jointures blanches de mes mains. la réalité est dissimulée. Ce qui n'est pas invisible est modifié. Il faut encourager la persistance de la mémoire.


    11h14 "...optimisme héroïque..."

        Ici, on prie des caricatures grimaçantes, on fantasme les exactions, on arriérise le quotidien, et les zouaves dansent de peur sous les crépitements terribles d'une joyeuse flambée guerrière.
        Contrastes surréalistes aux frontières peu à peu annihilées par la compréhension de 1915.
    Les veilleuses des abandonnés s'allument; l'opposition est prise d'une lassitude frontale. Les pertes s'apaisent; toujours, le temps manque.


    11h26 "...explosif 1917..."

        Ces mutineries sont des coups de ciseaux dans le dos. Parmi les fausses providences étoilées, les défaites brillent de leurs superbes noirceurs attirantes.
        Elan, Âme, Liberté, Rêve, Corps, Refus, Ivresse: les noms de mes souris se suivent en une effarante litanie. Elles reflètent les stériles espoirs que l'on peut avoir d'un élargissement du monde.


    11h33 "...journal mutilé..."

        On tente de me solliciter...Je me sens partir vers d'autres espaces. Non è possibile. Je ne dois pas me laisser faire, ni transiger. Je n'ai pas le droit de me taire auprès de moi-même.
        Le souffle continue; j'archive.


    11h38 "...nihil novi sub sole..."

        Trou de mémoire; les tranchées de Verdun?
    Rangements sonores. Images; crachats fumistes, burlesques,
    mais familiers.


    12h00 "...sonnerie 2."

        Départs...


    1 commentaire
  • je pars ce soir.

    je voudrais savoir ce que c'est que tout cela. toutes ces dentelles qui bataillent dans ma tête.
    je voudrais savoir s'il y a des gens qui savent parler, émettre des sons avec leur bouche.
    tout est muet et je cherche mes réponses. je plie ma tête jusqu'à me rencontrer moi-même, mais rien ne me calme.

    qui est-ce? où est l'image du passé?
    dois-je être, à partir de maintenant?

    je mords de silences ma main bleue.

    puis-je penser? je ne pourrai pas connaître l'avenir.


    votre commentaire
  • une voix souffle au loin; je ne veux pas savoir ce qu'elle dit. appuyée sur les coudes de ma résignation dont je voudrais qu'elle ne soit pas justifiée, je chante un peu doucement la complainte des sourires plaqués et des petits aveux.

    je veux de la peinture jaune
    je m'ennuie
    et j'ai peur de demain
    j'ai sommeil
    et je vais me regarder dans un miroir
    des ronds de buée sur une vitre enfumée
    je touche mon nez à travers le temps
    en regardant la pluie du temps trouer les champs rougeoyants
    coup de regard vert sur ces philtres entassés, sur les étagères poussiéreuses, dans des flacons de cristal cadenassés...


    j'en ai assez d'être simple...


    votre commentaire
  • morceaux de tristesse rattachées à des espoirs de joies présents

    jalousies; rideaux tranchés

    et la conscience de l'amitié qu'on peut porter à quelqu'un qui resurgit, malgré l'évanouissement de l'espoir même, rapide comme une aile...

    je ne sais pas comment tout cela va se passer. si ce lien va se renouer, ou se recoudre. ou autre chose.


    votre commentaire


    Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique
    Suivre le flux RSS des commentaires de cette rubrique