• Poudres, papier de riz, perles épars sur une table frêle;
    Une balance d'un modèle courant, aux plateaux légèrement creux
    D'un laiton martelé presque gracieux, sur une ossature d'un noir brutal
    Pigments charbon, encens bon marché; il est cinq heures de l'après-midi et les odeurs s'installent dans la poussière âpre de la venue du soir.

    Banalité et grâce s'emmêlent; c'est l'instant de l'orchidée.

    Il avance la main cheveux châtain insipide
    Mais soyeusement ordonnés en ondulations et crans et volutes et circonvolutions;
    Il pense au temps qu'il sent s'écouler dans son corps.
    - Tout sans hâte et sans regret -

    Il y a le moment du songe il y a le moment de l'horreur.

    Il avance la main pour redresser un plateau de la balance
    Le geste pour le geste
    Visage de fille, lèvres violettes, peau blanche, bracelets d'argent qui tintent.
    La main malade comme une esquisse, il tient une légère tasse de porcelaine nacre, bordée d'une fine bande dorée; le thé tremble légèrement mais le parfum est là.

    Il attend le noeud du jour.

    Poudres, papier de riz, perles épars sur une table frêle;

    Ses yeux sont ouverts encore. 


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  • Cris et chuchotements-
    L'animé est-il
    mort?

                -

    Cris et chuchotements
    L'animal est-il
    toujours vivant?

                -

    Et moi
    Je suis assise
    Dans l'ombre de la porte

                 -

    Lumière du soir
    Lumière électrique-
    Je me regarde

                 -

    Cris et chuchotements-
    Une saison j'ai perdu
    Ma peau

                 -

    Cris et chuchotements-
    Une plainte évanouie
    Je dors.


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  • Les pavés volent de nouveau, comètes grises, sous le pas-course qui fuit. Le sol qui ne répond pas, et porte simplement tandis qu'on le frappe. Je lui ai raconté une histoire entre les coups. Les pavés ont souri. Il faut s'arrêter quand il n'y a plus de sol.

    Des pas comme des questions-coups, vomies à chaque respiration comme autant de chimères qui auraient pu être merveilleuses, mais qui n'ont pas fleuri. Encore dans leur enveloppe, peau de grenouille, elles sont tombées à terre, et sont devenues cailloux anguleux, au visage sérieux.

    J'ai couru comme ce jour qui ressemblait à hier.

    Vouloir du courage peut coûter soi-même et vider tout. Je suis comme une maison sans meubles, qui a ouvert ses fenêtres dans l'espoir de s'y envoler.

    Je dois passer au-dessus du temps. Regarder vivre les deux personnages qui vivent dans un coin de moi. Oublier que je dois vivre maintenant.


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  • Les minutes s'écroulent. Du dallage délié, aux poussières accordées et aux jointures bues par la chaleur s'envole une main de pierre


    Le millepertuis plonge vers le ciel. Il lui tend ses pores, longuement colorés de soleil. A côté de lui s'émiette avec peine le glacis d'étoupe d'un pissenlit mûr, à la faveur des rares courants d'air


    Tout est prêt à on ne sait quoi.


    Attendre, se déplacer pour mieux attendre. Croire qu'on ne sera jamais partie de tous ceux que l'on voit défiler rapidement sous les yeux immobiles. Leur ballet aveugle, spectacle burlesque; succession d'attentes, glissements déplacements pour tromper l'attente.


    Leurres. Comme ce corps de morte dormante, au visage et aux bras blancs, qui une nuit près de moi happait l'obscurité, possessif, et attirait vers lui la matière du silence, qui blessait mes yeux.


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  • Les destinations s'effilochent et perdent leurs lettres pâlissantees dans les cirrus.
    Les enfants perdent leurs cheveux, leurs boucles pâles diaboliques;
    Déjà ils expirent un parfum sophistiqué, les sourcils froncés, avec une fausse innocence consciencieuse.
    Et les mots tombent de leurs bouches comme des cerises empoisonnées à l'épiderme fin, moiré de violet.


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