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Par
déviante dans
despiration le
5 Août 2006 à 16:12
J'ai coupé mes jambes et mes ailes pour te les donner à manger.
Je ne les ai pas jetés en pâture à ton regard, comme à tous les regards; je te les ai concédés parce qu'ils t'ont plu. Je les ai retirés, comme les femmes savent retirer les choses qu'elles portent aux oreilles. Elles penchent la tête et font semblant de perdre leur vue. Elles penchent la tête comme n'importe quel oiseau et elles courbent leur poignet, n'importe quel poignet; mais la courbe parfois gracieuse fait de n'importe quelle articulation épaisse un simple pli gracile.
Je peux tout de même bien sentir l'essence de café métallique au fond de ma gorge, et mon diaphragme qui crie tous ces matins. Réapprendre à s'habituer à soi en continu (sans même le moindre pléonasme). Revenir aux nausées matinales et aux humeurs houellebecquiennes. Encore étendue, avoir effroyablement conscience du temps dont on dispose à présent, juste après le réveil, pour tenter de reconnaître le corps, "savourer" avec peur l'aperçu de toutes les auto-confrontations matinales.
Parce que rien n'est prévu et que l'on s'y est habitué, savoir que tous les faits se succèderont de la même façon tous les jours qui vont suivre. Sentir l'appétit de l'espace dément pour les morceaux de vide dont nous semblons être composés. Passe, avec sa silhouette attirante, une légère envie de tirer à la carabine sur ces tourterelles à la chair beige humain qui nichent en mon toit et peuplent ma gouttière, tamisant de leur peau empreinte de rosée la lumière grise que je bois.
Il va falloir se remettre à rêver, je le crois sans le craindre.
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Oui, je le crois aussi. Je ne le crains pas non plus. Et comme chaque fois que je viens ici, ça me laisse... Rêveuse. Bise chère Déviante.