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Emétique III
Poudres, papier de riz, perles épars sur une table frêle;
Une balance d'un modèle courant, aux plateaux légèrement creux
D'un laiton martelé presque gracieux, sur une ossature d'un noir brutal
Pigments charbon, encens bon marché; il est cinq heures de l'après-midi et les odeurs s'installent dans la poussière âpre de la venue du soir.Banalité et grâce s'emmêlent; c'est l'instant de l'orchidée.
Il avance la main cheveux châtain insipide
Mais soyeusement ordonnés en ondulations et crans et volutes et circonvolutions;
Il pense au temps qu'il sent s'écouler dans son corps.
- Tout sans hâte et sans regret -Il y a le moment du songe il y a le moment de l'horreur.
Il avance la main pour redresser un plateau de la balance
Le geste pour le geste
Visage de fille, lèvres violettes, peau blanche, bracelets d'argent qui tintent.
La main malade comme une esquisse, il tient une légère tasse de porcelaine nacre, bordée d'une fine bande dorée; le thé tremble légèrement mais le parfum est là.Il attend le noeud du jour.
Poudres, papier de riz, perles épars sur une table frêle;Ses yeux sont ouverts encore.
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Commentaires
Offrande Gloire au mythe qui abrite tant de soupirs sous l'éclipse du soleil. Une rumeur plane dans l'azur, et la surface des eaux resplendit d'autant de souffles. Terres, mers, miroirs de l'absolu qui laissent entrevoir, mystères irrésolus, les cycles éternels et inachevés. là où le chant ne porte plus la voix, où la lumière aveugle et l'air étouffe; là où le sol se dérobe et la pensée se meurt; là où l'esprit aspire, ressuscite l'âme et enfante le temps.