• un
    fruit rouge qui coule, généreux peut-être, au coeur d'une coquille
    d'escargot, trempée de parfums. le givre sanglant dessine son léger
    ruisseau, lent, sûr et léger, sur les pommes qui jonchent le sol. elles
    pourissent; leur peau jaune se piquette de brun. à côté d'elles, des
    mirabelles ont crevé leur peau fine, presque bleue. tous ces fruits
    soupirent d'aise, fondent leur odeur douceâtre dans le soir. une enfant
    arrive près des fruits. ils n'ont pu l'entendre; elle a les pieds nus.
    elle tient une gerbe d'herbes blondes entre ses bras, un bouquet de ces
    sèches graminées qui chuchotent les voix des morts, les jours de grand
    vent. elle s'approche; elle a tout son temps. et doucement, elle marche
    sur les fruits. ils éclatent, ils roulent, ils tentent de la faire
    tomber. mais elle est légère encore. elle traverse la nappe de fruits
    expirante. elle ramasse une de ses herbes qui a glissé à terre, lie la
    gerbe d'une branche de lierre, et la pose au pied de l'arbre. elle y
    grimpe, en glissant un peu à cause de ses pieds mouillés. elle s'assoit
    sur une fourche, dos au soleil, sent ses jambes légèrement s'érafler
    contre l'écorce rugueuse du pommier. elle enlace une des branches, y
    frotte une de ses joues qui bientôt devient chaude et la pique. elle
    aime cet arbre; il lui rappelle son père.

    le soleil rougeoie encore pour une heure; l'enfant s'endort, à plat
    ventre contre une branche, les bras et les jambes pendant mollement
    dans le vide. l'animal au sang froid s'est vidé. ne reste qu'une mince
    coquille, qui balotte très légèrement, souvenir de l'enfance qui l'a un
    moment habitée.


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  • jouer jouer
    pour attraper un léger morceau d'éternité
    et le coller à ma mosaïque du temps
    fétichiste du moment


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  • aujourd'hui encore on me reproche de ne pas sourire
    pourtant je pourrais
    mais je n'ai pas envie
    j'ai l'impression d'être "heureuse": je ne veux plus rien.

    il me semble que mes pensées ont le goût de "Dirty Boots" de Sonic Youth
    de la soie dans les oreilles; étoupe magnifiante et merveilleuse
    qui laisse apercevoir quelques minces étoiles sonores,
    clignant au loin dans la léthargie blanche;

    ô douceurs insulaires

    le bonheur est fragile comme une image


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  • je veux bouger d'ici
    attachée sur ma chaise, au milieu des assis

    prendre n'importe quel train
    (geste sûrement vain)
    rouge serpent, filant entre les champs d'épeautre
    ailleurs n'est pas mieux, mais ailleurs est autre

    partir, réfléchir, sauver mon cerveau
    et peut-être (un peu) trouver du nouveau...

    noire utopie, qui me rappelle chaque matin
    (lorsqu'entre dans mes poumons flétris l'air, le satin)
    ma vieillesse "en fleur", éclatée sur le pavé mouillé
    glissant d'une flèche sûre, effrayante, vers les animaux empaillés


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  • je n'aime pas
    me sentir torturée par moi-même
    me détruire sans l'avoir décidé
    me voir le corps brûlé

    ne pas pouvoir m'échapper de cette enveloppe
    et me tordre calmement tellement
    je suis rivée au sol
    tellement.

    envie d'exploser paisiblement
    et de projeter mes viscères au plafond
    sanglantes constellations
    et la douleur qui s'envole, blanc démon
    vers d'autres corps trop avides
    elle s'envole par la fenêtre
    sans regret;


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