• carapace escarboucles d'air

    Des coquelicots dansent au bord de la voie, dans leur venteux tutu rouge, trop vif, léger tout de même; les bords sont mangés de noir. Certains pans-pétales du tissu vivant sont déchirés, et saignent de blanc. Ils virevoltent sous la vitesse, facétieux, changeants; ils ne sont jamais pareils; le regard ne peut les suivre dans leur course inverse. Le spectacle qu'ils prodiguent, c'est l'arabesque finale, le chant du cygne; l'instant qu'ils offrent, c'est la pirouette vers l'invisible.

    Derrière la carapace d'air massif, incolore, à l'odeur fade, mais ô combien impénétrable, les fluides filent et se fondent; les points se font lignes et les lignes se font rubans. Le sol vole, ivre; il est aspiré par la bruyante respiration du train, qui cherche l'air et la matière, du fond de sa gorge terrible. La course halète aux virages; l'urgence se fait plus grande. Le chaos des couleurs plates anime l'espace de ses légères crêtes, de ses saillies à peine écloses qui accrochent l'air.

    A dix mètres pourtant, le paysage déroule sa banderole, intact.


  • Commentaires

    1
    Vendredi 23 Juin 2006 à 17:36
    J'adore!
    Dans sa course folle,tes mots glissent sur le papier dans des proses troublantes sur du papier d'argent . bises
    2
    Mercredi 30 Août 2006 à 19:35
    chaos
    course folle, tes textes comme une respiration palpitante essouflent nos lectures avides...
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